Psychomotricienne CLAIRE PELLIAT

LA PSYCHOMOTRICITÉ

C’est une profession paramédicale exercée par un praticien ayant obtenu un diplôme d’état. Le psychomotricien intervient sur prescription médicale auprès de bambins, d’enfants, d’adolescents, d’adultes ou de personnes âgées. Sa mission vise à prévenir, dépister ou rééduquer les troubles psychomoteurs, à tous les âges de la vie.

Qu’est-ce qu’un trouble psychomoteur ?

Dans nos sociétés occidentales, il existe une dichotomie entre le corps et l’esprit. Ces deux composantes sont souvent étudiées séparément et ont une symbolique assez particulière.

En effet, le corps est abordé comme un objet dont on peut étudier les plus infimes mécanismes. Il est maltraité par nos modes de vie sédentaire et est bien souvent mal aimé. Nous lui imposons des contraintes qui nous causent des souffrances (postures vicieuses, régimes strictes, etc.).

Quant à l’esprit, il possède une image beaucoup plus positive. Il est vu comme le symbole de la conscience et de l’être humain. Il est d’ailleurs primordial « d’avoir de l’esprit » pour briller en société.

Pourtant, l’un et l’autre ne font qu’un. Corps et esprit sont indissociables et s’alimentent mutuellement. Il est donc important de maintenir un certain équilibre psycho-moteur pour être en santé.

Si cet équilibre est mis à mal par un accident, une maladie génétique, un désordre biologique ou un retard dans le développement et les acquisitions… et que cela cause des difficultés au quotidien, nous entrons dans le champ des troubles psychomoteurs.

Comment s’y prend le psychomotricien pour dépister et traiter un trouble psychomoteur ?

Lors de la première rencontre, le psychomotricien établit une anamnèse (histoire de vie) du patient. Il effectue ensuite une évaluation des capacités psychomotrices à l’aide d’observations cliniques et/ou de tests étalonnés, cotés et normés. Grâce à ces éléments, il rédige un bilan psychomoteur. Ce dernier lui permet d’avoir une vision d’ensemble de la problématique du patient : environnement familial, social et scolaire/professionnel ; capacités motrices globales et fines ; latéralité ; capacités graphiques ; capacités d’organisation et de repérage dans le temps et dans l’espace ; capacités cognitives (mémorisation, attention, concentration, planification de l’action, inhibition, etc).

Une fois le bilan psychomoteur réalisé, le psychomotricien met en place un projet thérapeutique personnalisé. C’est-à-dire qu’il réalise le plan des séances de soin qui auront lieu (si besoin est) en soulignant avec son patient les différents objectifs à atteindre.

L’accompagnement psychomoteur est réalisé au moyen de techniques de relaxation dynamique, d’éducation gestuelle, d’expression corporelle ou plastique et par des activités rythmiques, de jeu, d’équilibration et de coordination.

Au cours du suivi ou à son terme, le psychomotricien réévalue les compétences du patient afin d’objectiver les résultats de la prise en soin. Cette ré-évaluation permet de comparer les capacités psychomotrices avant et après suivi et seront transmis au médecin prescripteur.

Historique de la psychomotricité en France :

La question de l’unité entre le corps, le mental et les émotions relève de la nuit des temps. De nombreux philosophes se sont posés la question de la constitution de l’être humain. À l’époque gréco-romaine, Platon disait déjà : « L’homme est âme et corps ».

Plus tard, vers le XVIe siècle, divers courant scientifiques se sont distingués et ont créé une rupture au sein de cette unicité. L’anatomie étudiant la physiologie du corps et la psychologie traitant de la conscience.

C’est au XIXe siècle qu’un psychiatre allemand (Monsieur Wilhelm Griesinger) parlera pour la première fois de psychomotricité. Mais il faudra attendre l’arrivée du Professeur Julian de Ajuriaguerra et son équipe qui développent, en 1947, une nouvelle thérapeutique appelée « Rééducation Psychomotrice ».

En 1962, l’enseignement de la rééducation psychomotrice fait son apparition à la faculté de médecine de Paris (Hôpitaux Henri Rousselle et de la Pitié Salpêtrière). De là découlera la création d’un certificat en 1963 et d’un diplôme d’État en 1974.

En bref, la psychomotricité est une profession relativement nouvelle se basant sur des concepts et des questionnements ancestraux, à la croisée de nombreux courant scientifiques tels que les neurosciences, la physiologie, la psychologie, la psychiatre….

Comment devenir psychomotricien aujourd’hui ?

L’étude de la psychomotricité s’effectue au sein d’instituts de formation spécialisés publiques ou privés. Elle dure 3 années riches d’enseignements théoriques et pratiques sur des thèmes divers et variés qui s’étendent du développement psychomoteur de l’enfant jusqu’à la sénescence des personnes âgées. Les modes d’admission au sein de ces instituts sont changeantes : concours, PACES, admission post-bac. Pour plus de renseignements, je vous encourage à vous rendre sur le site internet du Syndicat National d’Union des Psychomotricien dit « SNUP » où vous trouverez des réponses précises et actualisées.

Une fois le diplôme d’État de psychomotricien en poche, il est possible de poursuivre ses études au sein d’un master international en psychomotricité nommé « MIP » d’une durée de 2 années. Ce dernier permet d’approfondir les connaissances acquises au cours de la licence et de s’orienter vers la recherche. Pour plus de renseignements, je vous réoriente vers le site internet de l’Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice (ISRP) en charge de ce master.

dessin de cerveau en équilibre sur une corde

QUAND CONSULTER ?

Le bébé et le jeune enfant:

– qui présente un retard dans son développement psychomoteur;
– ou dont les parents s’interrogent sur son développement (par exemple sur sa façon d’ajuster son tonus, de se mobiliser) ou sa manière d’appréhender son environnement (faire avec ce qui l’entoure).

L’enfant ou l’adolescent qui présente :

– des difficultés d’apprentissage ;
– des troubles de l’attention et de la concentration ;
– des trouble type dyspraxie, maladresse ;
– des difficultés d’écriture, type dysgraphie ;
– de l’instabilité psychomotrice ;
– de l’inhibition ou un manque de confiance en soi ;
– des troubles de la relation à l’autre ;
– des difficultés dans l’organisation spatio-temporelle ;
– des troubles de la latéralité ;
– des troubles de l’image du corps ;
– une déficience intellectuelle, sensorielle ou motrice.

L’adulte ou la personne âgée qui présente :

– un mal être corporel ;
– une perte d’autonomie ;
– une perte de ses fonctions cognitives et/ou motrices.